Colloque International
L’Institut pour un nouveau débat sur la gouvernance (Institute for a new Reflection on Governance) & l’Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique (Alliance for Rebuilding Governance in Africa) présentent :
Entre tradition et modernité, quelle gouvernance pour l’Afrique ?
Bamako, 23,24,25 janvier 2007
réalisé avec l’appui de la Fondation Charles Léopold Mayer, du ministère français des Affaires étrangères et de la Direction du Développement et de la Coopération (Suisse)
Contexte et mise en perspective historique
L’Afrique, qui est présentée de nos jours comme un continent malade de sa gouvernance et tenue sous perfusion par les financements de la communauté internationale, a pourtant connu dans son passé une évolution politique et institutionnelle que l’environnement international prend rarement en compte, mais qui n’en est pas moins digne d’intérêt. Les systèmes institutionnels construits pour gérer les sociétés dans le continent ne datent pas des conquêtes coloniales. De nombreux historiens célèbres, au rang desquels peuvent être cités Cheick Anta Diop et Joseph Ki-Zerbo, ont retracé dans leurs ouvrages la succession des empires, des royaumes et autres organisations des sociétés que l’Afrique précoloniale a connues.
Ces systèmes, en particulier ceux des grands empires contemporains du moyen Age européen, ont eu leurs institutions propres, leurs modes de gestion des affaires publiques, d’organisation et de transmission du pouvoir politique, leurs propres modes de régulation des rapports sociaux, de gestion et de règlement des conflits. Tout en se gardant d’idéaliser ces constructions institutionnelles, on peut dire que celles-ci su organiser les rapports entre les différents peuples et communautés sur de vastes territoires, dans le souci de leur assurer la paix et la sécurité. Un exemple historique particulièrement marquant de gestion collective d’un territoire est celui de la rencontre de Kulukanfuga . Les traditionnalistes de la région évoquent bien souvent cette rencontre qui a réuni, en 1235, sous Soundiata Keita , tous les chefs de provinces de l’Empire du Mali pour convenir des règles de gestion de leurs territoires.
L’Afrique soudano-sahélienne, qui constitue l’espace d’investigation du colloque, a aussi accueilli depuis le Vème siècle les premiers propagateurs de l’islam venant de l’Orient à travers le Maghreb. La rencontre avec l’islam a été en grande partie pacifique au temps des Empires du Ghana, Mali et Songhay ; elle s’est ensuite transformée en conquête dans le cas du Royaume Peul du Macina et de la djihad de l’El Hadj Oumar Tall. Ces Etats théocratiques du XVIIème et du XVIIIème siècle ont installé sur leurs territoires de nouvelles institutions, ou ont transformé les institutions autochtones dans le sens de la conception islamique des rapports sociaux. Ils ont ainsi implanté de nouveaux modes de gestion des affaires publiques.
L’Afrique précoloniale a donc fondé des Etats qui ont mis en place des dispositifs et des procédures institutionnelles , géré des communautés, organisé les relations entre personnes et ethnies, régulé des crises et des conflits internes et externes. Ces systèmes étaient certes multiples et plus ou moins performants, et on ne peut guère parler d’un modèle africain authentique et unique de gouvernance. Cependant, ceux-ci témoignent du fait que l’Afrique a su se gouverner selon des règles comprises et admises par ses propres communautés. La gouvernance, art de gouverner la chose publique et de réguler les relations au sein de chaque société, fait donc partie des traditions en Afrique comme partout dans le monde.
La conquête coloniale a installé il y a un siècle et demi une nouvelle grande période, qui n’est pas achevée, l’hégémonie économique, politique et intellectuelle de l’occident étant loin d’avoir pris fin avec les indépendances. C’est au cours de cette période qu’ont émergé dans l’espace ouest-africain des états constitués sur le modèle de l’Etat-nation, reproduisant non seulement les formes mais aussi l’esprit des institutions et des modes de gestion et de régulation publique issus des sociétés européennes.
Les références de tous les jours des individus, des communautés et des groupes sociaux dans les états post coloniaux africains actuels sont profondément ancrées dans le legs politico-institutionnel de chacune des différents moments de l’Histoire. Bien souvent, les réactions et les attitudes des acteurs africains ne peuvent être comprises que si l’on se réfère à cet héritage produit par les couches historiques successives. Leur rapport avec les systèmes politiques et institutionnels est souvent ambiguë, l’imbrication dans les mécanismes de l’Etat-nation pouvant aller du rejet à la tolérance voire à la reconnaissance formelle.
Malheureusement, peu d’analyses d’ensemble, peu de mises en perspective ont été faites sur l’évolution des systèmes et des pratiques de gouvernance et de gouvernement au cours de chacune de ces trois périodes, sur les raisons de l’adoption ou de l’abandon de comportements politiques et sociaux, sur ce qui a pu inspirer l’édification ou le rejet de modèles censés être adaptés aux réalités, défis et exigences des sociétés contemporaines. Peu de réflexions ont été menées sur la vision et le sens que l’on donne à la modernité dans ses rapports avec les traditions en Afrique car si la modernité n’est pas en soi une réponse, elle correspond au moins à une nouvelle manière d’approcher les questions de gouvernance, en fonction des évolutions du continent et du monde, questions auxquelles toutes les sociétés ont été et demeureront confrontées. De fait, les détenteurs actuels du savoir et des traditions de chacune de ces périodes, bien qu’étant confrontés aux mêmes défis par rapport à la modernité de leurs sociétés, échangent peu. Pire : les sentiments des uns par rapport aux autres sont plutôt de l’ordre de la défiance, de la prise de distance, et même, dans certains cas, du mépris. Il est donc essentiel de mettre en lumière l’enjeu de la prise en compte de la prégnance de la tradition aujourd’hui, en distinguant dans cet optique, la situation des villes de celles des campagnes, mais aussi en mesurant les écarts de point de vue des différentes générations. Cette mise en lumière permet d’ailleurs tout autant de souligner l’importance de cette tradition que de rappeler le danger son instrumentalisation, et l’ambiguïté de son rôle dans certains jeux politiques. Certains acteurs, de fait, ne cessent de convoquer ces différentes formes de légitimité au service de leurs intérêts propres, voire entretiennent le flou dans le maniement des concepts.
L’enjeu d’un débat sur la gouvernance africaine
Depuis quelques années, sous la houlette des institutions de Bretton Woods, la gouvernance est devenue un thème à la mode. Tout discours sur la gestion du continent africain se doit d’inclure ce concept pour être recevable. Dans beaucoup de milieux, la gouvernance a été réduite à une liste de recettes « prêt-à-porter » constitutives d’un modèle universel que les Etats de l’Afrique, supposer « s’approprier la gouvernance », sont tenus d’appliquer pour être reconnus, acceptés et aidés par la communauté des bailleurs de fonds internationaux. Cependant, les expériences du passé nous prouvent que le mimétisme a ses limites, et que les modalités de gouvernance proposées par l’occident sont loin d’être la condition de l’épanouissement des sociétés africaines.
En réalité, les modalités de la gouvernance d’une société répondent d’une part à la culture profonde et aux référentiels de celle-ci et d’autre part à la nature des défis auxquels cette société est confrontée à chaque époque de son parcours historique. Des pans entiers de la population d’Afrique de l’ouest ne se reconnaissent ni dans les institutions ni dans les pratiques de gouvernance dupliquées à partir de modèles extérieurs. Lorsque l’on voit qu’aujourd’hui bien des Africains en sont venus à perdre jusqu’au sens du bien commun, pourtant solidement ancré dans leur tradition, on comprend l’ampleur de la crise de la gouvernance dans le continent.
Depuis plusieurs années les instances internationales assignent à l’Afrique un impératif de « bonne gouvernance ». Mais les critères d’évaluation dont elles assortissent cet impératif ne tiennent compte ni de la diversité des situations ni de l’adéquation des pratiques de gestion de l’espace public avec le contexte historique et culturel des sociétés africaines. Il est, dès lors essentiel que les Africains interviennent dans le débat mondial sur la gouvernance en y apportant leur point de vue, leurs références, leur souci d’articuler tradition et modernité, leur vision de l’avenir.
Le colloque de Bamako sera l’occasion d’un échange d’analyses et de propositions pour formuler cette vision et contribuer à la définition d’un projet africain de gouvernance. Il le fera notamment en confrontant de manière directe les acteurs qui portent cette tension entre tradition et modernité, et en faisant dialoguer des protagonistes (universitaires, traditionalistes, responsables religieux, acteurs internationaux) dont les logiques évoluent souvent de manière trop parallèle. Pour ancrer les échanges dans la réalité, les intervenants au colloque s’appuieront tous, dans la mesure du possible, sur des expériences et des cas concrets. En plus de ce dialogue direct, la réflexion sera aussi construite à partir de travaux déjà menés par des universitaires ou des experts au sein des organisations régionales et internationales (voir en annexe 1), et à partir des évènements, rencontres, conférences ayant déjà approché cette problématique au cours des dernières années .
BUTS RECHERCHES ET PROLONGEMENTS ATTENDUS
1. Les objectifs du colloque
Le colloque, attentif à la pluralité des approches et des points de vue, vise à instaurer un dialogue entre un certain nombre de dépositaires du savoir politique et institutionnel des trois grandes périodes historiques que les Etats ouest-africains ont connues : spécialistes universitaires de l’histoire, des sciences politiques, des religions de ces différentes périodes, chefs coutumiers et religieux, détenteurs du savoir traditionnel… Ces participants, dont certains sont acteurs de la vie politique et sociale, d’autres sont des penseurs et des chercheurs, contribueront à alimenter la réflexion sur la nature d’un projet de gouvernance proprement africain.
De façon plus spécifique, il s’agit :
de montrer l’évolution de la problématique de la gouvernance en Afrique de l’ouest en partant de la période pré-islamique jusqu’à nos jours ;
de discuter des influences et apports dus aux contacts de l’Afrique subsaharienne avec les mondes arabo-musulman et européen ;
d’identifier les crises majeures que connaît l’Afrique aujourd’hui dans le domaine de la gouvernance et leurs causes ;
de retrouver les références politiques et institutionnelles propres aux sociétés africaines afin de mieux comprendre et mieux maîtriser les défis de l’évolution des systèmes de gouvernance que la modernité impose au continent, de façon, à ce que l’Afrique puisse, pour reprendre les termes de Joseph Ki-Zerbo, « tisser sa propre natte » plutôt que de demeurer sur la natte des autres ;
de favoriser l’émergence d’approches et d’analyses de la gouvernance qui soient ancrées dans les vécus et les savoirs des sociétés africaines en vue d’aider les acteurs publics et privés de la gouvernance en Afrique à réorienter leur action politique.
2. L’inscription du colloque dans une démarche de long terme
Une démarche et un programme de recherche
La tenue du colloque de Bamako est conçue non comme un évènement ponctuel de mise en débat mais, bien davantage, comme le démarrage d’une dynamique de plus long terme associant la mise en place de projets de recherche et la diffusion des analyses. Cette double ambition sera encadrée par l’Institut pour un nouveau débat sur la Gouvernance (IRG) en collaboration avec l’Alliance pour une Refondation de la Gouvernance en Afrique. L’IRG (institut-gouvernance.org) travaille déjà activement à la mise en réseau des réflexions universitaires dans le domaine. Les projets de recherche seront précisés lors du colloque, en fonction de la nature des débats, des points de convergence et de divergences, des zones d’ombre nécessitant une enquête plus approfondie. D’ores et déjà, quelques thèmes semblent devoir s’inscrire au cœur de cette perspective de recherche de long terme :
le débat légalité-légitimité dans la mise en place d’une gouvernance africaine.
l’enjeu des langues dans les rapports au pouvoir
les usages effectifs de la tradition dans la gouvernance : valorisation et/ou manipulation ;
l’ignorance ou la prise en compte de la donne ethnique dans les modes de régulation politique.
La réalisation de ces projets de recherche est envisagée de plusieurs manières :
L’Alliance pour la Refondation de la Gouvernance en Afrique souhaite constituer, à l’issue du colloque, un premier noyau de réflexion sur les modes en gouvernance en Afrique. Ce groupe réunissant chercheurs et non chercheurs sur des projets de recherche de long terme permettra d’enrichir les orientations de l’Alliance. En effet, le Plan d’action issu du forum sur la gouvernance en Afrique co-organisé avec l’Union Africaine en novembre 2005 prévoyait la mise en place d’un Groupe interafricain de recherche sur les modes de gouvernance en Afrique.
Face à la constitution de ce premier noyau de recherche, l’IRG quant à lui assumera plusieurs rôles :
. La mise en place d’Ateliers d’étudiants de niveau Master. Les Ateliers d’étudiants constituent un outil de recherche largement utilisé par l’IRG. Il permet à la fois d’engager des réflexions collectives qui alimentent le débat dans le domaine ; il est aussi un moyen de diffuser ce débat au cœur des formations universitaires en mettant les étudiants directement au travail sur ces thématiques (voir Annexe 2 – Présentation de l’outil « Travaux collectifs d’étudiants »). Deux Ateliers sont prévus dans les suites de ce colloque. Parmi ces deux Ateliers, l’un d’entre eux sera conçu de manière croisée entre une université ouest-africaine, probablement l’Université Cheik Anta Diop de Dakar (UCAD) et l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Un groupe d’étudiants africains et un groupe français collaborera ainsi autour d’une recherche commune afin de délivrer un rapport conjoint à l’équipe de l’IRG. L’autre atelier sera proposé à des étudiants de Ouagadougou.
. Le soutien à des groupes de chercheurs travaillant au sein des universités présentes lors du colloque. Ce soutien n’aura pas vocation à financer les structures de recherche en elles-mêmes mais à permettre les déplacements nécessaires des chercheurs vers leurs terrains d’études et à apporter un appui à la mutualisation et à la diffusion de leur réflexion concernant les pistes de recherche définies par le colloque. Un premier soutien de ce type sera proposé dans le cadre d’une structure universitaire malienne ou sénégalaise.
Des activités de diffusion
Des efforts sont faits dés à présent afin d’assurer une médiatisation du colloque à travers la presse écrite et audiovisuelle (RFI, CFI, France Inter, radios africaines…) d’Europe et d’Afrique.
Par ailleurs, les communications des participants et les résultats de leurs débats feront l’objet d’une première publication sous forme d’actes de colloque. Ces actes pourront être suivis de la réalisation d’un ouvrage plus synthétique destiné au grand public et publié par les éditions Charles Léopold Mayer (www.eclm.fr) et, éventuellement, par d’autres éditeurs francophones africains au sein de l’Alliance des éditeurs indépendants (www.alliance-editeurs.org). Par ailleurs les travaux d’étudiants et de chercheurs mentionnés plus haut pourront faire l’objet de publications spécifiques réalisées en direct par l’IRG.
La diffusion de ces réflexions sera également assurée via Internet, au sein des sites-ressources de l’IRG et de l’Alliance pour un refondation de la gouvernance en Afrique. Ces sites, structurés thématiquement ont en effet vocation à présenter les réflexions d’acteurs très diversifiés sur le thème de la gouvernance et à mettre en débat universitaires et non universitaires autour de cette thématique. Enfin, un travail de diffusion sélective sera fait en direction des institutions internationales et des instances de coopération bilatérale et multilatérale pour que la « voix africaine » puisse nourrir les réflexions et les politiques de ces entités en matière de gouvernance.
PUBLIC(S) VISE(S)
Les participants au colloque :
Une trentaine d’invités seront désignés comme les participants actifs du colloque. Ces participants seront amenés à occuper l’une des trois fonctions décrites dans la partie de ce document sur les modalités de réalisation (intervenant, commentateur ou questionneur).
La grande majorité des participants seront originaires de l’Afrique de l’Ouest, dans une zone géographique dont les contours peuvent être définis par plusieurs entrées complémentaires : · Les empires ou royaumes de l’Afrique soudano-sahélienne pré-coloniale, (Mali, Ghana, Songhaï, royaume Mossi…) · L’ancienne zone de l’Afrique Occidentale Française du temps de la colonisation · Un ensemble de huit Etats contemporains : Sénégal, Mali, Burkina, Guinée, Niger, Nigeria, Ghana, Mauritanie. De plus, quelques participants d’Afrique du Nord et du Sud interviendront également, apportant des points de vue distanciés mais non sans rapport avec les défis auxquels est confrontée la région. Enfin, plusieurs participants non-africains, africanistes et spécialistes de la zone, proposeront des regards extérieurs sur ces problématiques.
Par ailleurs, quelques observateurs institutionnels extérieurs seront invités à participer au débat. Ces observateurs seront issus avant tout des institutions nationales, régionales ou internationales ayant en charge la définition de politiques de « gouvernance » ou « bonne gouvernance » sur le continent africain. L’enjeu de la présence de ces observateurs extérieurs est à la fois de tir parti de leur vision plus institutionnelle et plus globale de la question mais aussi de leur faire profiter d’une réflexion de fond sur ce qu’implique un mode de gouvernance traduisant des réponses spécifiquement africaines à des défis partagés par le monde.
MODALITES DE REALISATION
1. L’approche méthodologique et l’organisation
Les thématiques abordées
Le colloque ne sera pas bâti sur une approche chronologique mais sur une approche thématique. Trois thèmes transversaux seront traités, chacun d’entre eux étant évidemment décliné sur les trois périodes :
Le choix des dirigeants : au cours des différentes périodes de son Histoire, comment se sont posées les questions de légitimité de l’autorité et d’alternance des détenteurs du pouvoir ? Comment chacune de ces trois périodes a-t-elle pu contribuer à construire un modèle spécifique de légitimation de l’autorité ? Comment ces modèles sont-ils conciliables avec l’idéal moderne d’une démocratie « universelle » ? La session consacrée à ce thème abordera ainsi la question de l’approche formelle des processus électoraux et de leur légitimité dans la région. Elle tentera de confronter cette conception formelle, fondé sur le principe majoritaire à des formes plus anciennes de désignation des dirigeants. Elle abordera donc de fait la question de la légitimité du processus électoral vis-à-vis notamment des pouvoir locaux traditionnels, mais aussi la question de la collaboration/compétition entre ces pouvoirs. Elle posera également la question du statut de l’individu-citoyen, du vote individuel et du principe de suffrage universel au regard des traditions africaines. Que suppose ce principe de vote démocratique en termes d’égalité de statuts et de reconnaissance de l’expression individuelle ?
La « redevabilité » du pouvoir : qui doit rendre des comptes et à qui ? Auprès de qui les détenteurs du pouvoir sont-ils redevables : une autorité supra-nationale ou leurs propres populations ? A l’heure où les institutions internationales deviennent le principal interlocuteur à qui rendre des comptes, comment retrouver des mécanismes de redevabilité qui s’inscrivent au cœur de la tradition politique ouest-africaine ? Les principes de transparence et « d’accountability » sont au centre des conceptions classiques de la « bonne gouvernance ». Comment considérer le statut de la corruption dans une société fondamentalement communautaire ? Il s’agira d’explorer les différents niveaux « d’allégeance » et de contrôle auxquels se prête l’homme élu : responsabilité vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux, responsabilité vis-à-vis du peuple national mais aussi responsabilité vis-à-vis du groupe, de l’ethnie ou de la communauté d’origine. Comment évaluer l’importance de ces différents niveaux ? Comment analyser leur complémentarité mais aussi leur incompatibilité ? Quels sont les rapports qui peuvent exister entre les différents pouvoirs définis par les institutions formelles au regard des pratiques et des représentations du Pouvoir ? Quel est de ce point de vue le rôle exact que doit notamment jouer le pouvoir judiciaire dont on connaît les grandes difficultés à s’élever au rang de garant de l’Etat de droit sur le continent ?
La gestion du bien public : concept largement en vogue au sein de la communauté internationale, la notion de bien public constitue aujourd’hui un élément essentiel de la nouvelle logique « partenariale » prônée par le modèle de « bonne gouvernance ». En insistant sur cette notion, les partenaires internationaux paraissent parfois sous-entendre que les Africains n’ont pas, ou plus le sens du bien pblic. Or celui-ci constitue un élément fondamental de la tradition politique africaine dont il est nécessaire de comprendre les héritages. Pour le comprendre, il s’agira de se pencher sur les différents niveaux de gestion du bien commun, du partenariat entre différents types d’acteurs dans cette gestion collective. Afin de resserrer le débat sur un enjeu plus spécifique, un type de bien particulier pourra être mis en avant : les ressources naturelles et plus particulièrement la gestion de l’eau et du foncier.
Le déroulement du colloque
Une première journée sera consacrée à la découverte mutuelle des participants, et à la visite du lieu hautement symbolique de Kulukafanga (lieu qui marqua en 1235, la rencontre de tous les chefs de provinces de l’Empire du Mali). Cette journée sera poursuivie par la séance d’ouverture du colloque. Au cours des deux journées suivantes, chacune des trois thématiques donnera lieu à une table-ronde d’une demi-journée. La dernière après-midi sera consacrée à une séance de synthèse et de mise en débat plus générale des éléments abordés au cours de ces discussions.
Le déroulement de chacune des trois sessions thématiques sera le suivant :
Prise de parole de trois intervenants, ayant préalablement préparé un papier pour le colloque ;
Intervention d’un « commentateur » extérieur à la sous-région ;
Interpellation par trois « questionneurs » ;
Débat sera ouvert à tous les participants.
2. Les organisateurs du projet
L’Institut pour un nouveau débat sur la gouvernance (IRG) : L’IRG est un espace de débat international et interculturel sur la gouvernance. Au croisement de différentes écoles de pensée et de diverses approches culturelles, l’Institut stimule l’échange entre chercheurs, universitaires, journalistes, professionnels de la fonction publique, des organisations internationales, de la société civile etc. Au service de cette ambition, une base de données sur Internet, des publications, des rencontres internationales, le soutien à des travaux d’étudiants et à des échanges inter-universitaires. Dans cette initiative, l’IRG se concentre avant tout sur la recherche des interlocuteurs universitaires les plus pertinents pour participer au débat. Son travail se fait en complémentarité avec celui de ses partenaires africains cités ci-dessous, bien plus aptes à identifier dans la zone ouest-africaine des « acteurs » plus directs du débat, représentants des diverses formes d’autorités : politiques, traditionnelles ou religieuses.
L’Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique : l’Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique relie des acteurs africains et non-africains engagés dans l’action et la réflexion, soucieux de promouvoir à la fois au niveau des citoyens africains et du monde, un dialogue sur la gestion des affaires publiques en Afrique. Ses objectifs sont de :
. construire un espace public interafricain de dialogue et de réflexion sur la gouvernance ;
. élaborer et mettre en débat des propositions de changement de la gestion des affaires publiques en Afrique ;
. mobiliser les acteurs étatiques et non-étatiques dans des initiatives pour une refondation effective de la gouvernance en Afrique ;
. participer aux débats sur les questions de gouvernance en Afrique et dans le monde.
L’Alliance, à travers son solide réseau ouest-africain et particulièrement ses médiateurs nationaux, aura ainsi pour rôle de repérer des personnalités extra-universitaire, figures d’autorité légitime ou responsables politiques, susceptibles de s’engager dans ce débat.
Le Centre d’Expertises Politiques et Institutionnelles en Afrique (CEPIA) : le CEPIA est un centre d’études et de recherches sur les politiques publiques et les institutions qui appuient les institutions et les administrations d’Etats, les collectivités décentralisées et les agences de coopération. Les domaines d’intervention de CEPIA sont principalement : la formulation et l’analyse des politiques publiques, la capitalisation des expériences acquises, la mise en place des dispositifs d’observation des politiques et de l’évolution des institutions publiques.
LISTE PROVISOIRE DES PARTICIPANTS
Session « Le choix des dirigeants »
Intervenants :
Mme Bintou SANANKOUA, Chercheur à l’Institut des Sciences Humaines de Bamako, ancienne députée à l’Assemblée Nationale Malienne (Mali)
M. Agbotoli ATSUTSÉ, Historien, journaliste, politologue (Togo)
M. Ousmane SY, ancien ministre du Mali, directeur du CEPIA, coordinateur de l’Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique (Mali)
Questionneurs :
M. Emmanuel ALINVI, Professeur à la Faculté de Droit et Sciences Politiques, Université de Parakou (Bénin)
M. Abdoul Aziz KEBE, Islamologue, Université de Dakar
Commentateur :
M. Dominique DARBON, ancien directeur du Centre d’études d’Afrique Noire (CEAN), professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux
Session « La gestion du bien public »
Intervenants :
M. Ntji Idriss MARIKO, ancien ministre des Arts et de la Culture, chercheur et professeur à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (Mali)
Dr Mahmoud Abdoul ZOUBER, actuellement Chargé de Mission à la Présidence de la République pour les questions réligieuses, ancien ambassadeur du Mali en Arabie Saoudite, islamologue (Mali)
M. Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN, professeur à l’EHESS, directeur de recherche au CNRS, et chercheur au LASDEL (Niamey)
Questionneurs :
Le OUIDI Nabaa, traditionaliste et président du Comité d’éthique du Burkina Faso.
M. Larbi BOUGUERRA, universitaire tunisien, admnistrateur de l’IRG.
Commentateur :
Mme Nancy THEDE, anthropologue, Université du Québec à Montréal
Session « La redevabilité du pouvoir »
Intervenants :
M. Karamoko Mahmoud BAMBA, Chercheur, historien, traditionaliste, linguiste, et sociologue (Mali)
Emmanuel AKWETEY, Institute for Democratic Governance (Ghana)
M. Mamadou BADJI, Professeur d’histoire des institutions africaines, Université Cheik Anta Diop (Dakar)
Questionneurs :
Mme Fatou CAMARA, Maître-assistante à l’UCAD (Dakar)
Mme Bonnie CAMPBELL, professeur à l’université du Québec à Montréal
Commentateur :
M. Raufu MUSTAPHA, Professeur à Oxford University (Londres et Nigeria)
Invités extérieurs
Monsieur Hervé MAGRO, Sous-Directeur de la Coopération pour la Gouvernance, Direction du Développement et de la Coopération Technique, Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement, Ministère des Affaires Etrangères, France
Mme Séverine BELLINA, Sous direction de la Coopération pour la Gouvernance, ministère français des Affaires étrangères.
M. Achaire DEOULENGAR, Bureau de la Coopération Suisse au Niger, Niamey
M. Kader DICKO, Bureau de la Coopération Suisse à Bamako.
Organisateurs, communicateurs, traducteurs
M. Assane M’BAYE, membre du Centre de ressources de l’Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique, coordonnateur du Groupe d’initiative sur le Pluralisme juridique
Mme TRAORE Djouma Konté, assistante à l’Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique
M. Richard TOÉ, traducteur
Michel SAUQUET, directeur de l’Institut pour un nouveau débat sur la Gouvernance (IRG)
Martin VIELAJUS, directeur adjoint de l’Institut pour un nouveau débat sur la Gouvernance (IRG)
Josie KAYE, stagiaire IRG
Mme Karine GOASMAT (Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique)
M. Sidiki Abdoul DAFF (membre du Centre de ressources de l’Alliance pour la refondation de la gouvernance en Afrique)
M. Philippe CASSARD, cinéaste
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