11 mai
Ecosse : Le petit frère veut s’émanciper

in New Statesman*, Courrier International, n°860, 26 avril - 2 mai 2007

Liés à l’Angleterre depuis trois siècles, les Ecossais ne se contentent pas de l’autonomie actuelle. Leur prog...[lire la suite]


19 avril
(GIF) Grèce : Athènes réinvente l’espace balkanique

in Jutarnji List (extraits), Courrier International, n°859, 19 avril 2007.

En mal de partenaires stratégiques européens, la Grèce se tourne vers ses voisins avec l’ambition de devenir l...[lire la suite]


15 mars
(GIF) Irlande du Nord : Petit à petit, l’économie réunifie l’île

in The Guardian*, Courrier International, n°854, 15 mars 2007.

Après les élections du 7 mars, un gouvernement nord-irlandais devrait être formé, le 26, par les unionistes et les national...[lire la suite]


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(GIF) Irlande du Nord : Petit à petit, l’économie réunifie l’île

in The Guardian*, Courrier International, n°854, 15 mars 2007.

Après les élections du 7 mars, un gouvernement nord-irlandais devrait être formé, le 26, par les unionistes et les nationalistes. Mais, déjà, certains enjeux politiques s’effacent devant les transformations quotidiennes.

Cela se passe en ce moment. Les élections portent Ariel Sharon, miraculeusement ressuscité du coma, au poste de Premier ministre d’Israël. Ismaïl Haniyeh, son ennemi juré du Hamas, devient son bras droit. Les deux hommes vont gouverner ensemble. Le ministère des Finances reste la chasse gardée du Likoud, mais l’Education revient à un vétéran de la branche armée du Hamas, qui a passé plusieurs années en prison pour un attentat à la bombe meurtrier. Après des décennies passées à s’entre-tuer, les deux partis vont se partager le pouvoir, et passer une année ou deux à réfléchir à des questions de pédagogie et de prix de l’eau. La longue guerre est terminée. Cela ressemble à une élucubration délirante, n’est-ce pas ? Et tel est bien le cas, en effet – du moins au Moyen-Orient. Mais quelque chose de très semblable se passe sous nos yeux en Irlande du Nord. A la place de Sharon se trouve Ian Paisley, incarnation octogénaire de l’intransigeance unioniste ; et remplacez Ismaïl Haniyeh par Martin McGuinness, comme vice-Premier ministre. C’est bien cela : McGuinness, le célèbre commandant de l’IRA, va faire équipe avec Paisley, qui a pourtant toujours clamé haut et fort que l’IRA n’était qu’une bande de salauds meurtriers assoiffés de sang qui ne méritaient que de griller en enfer. Quant au ministre de l’Education de Paisley, ce pourrait bien être Gerry Kelly, un ancien gréviste de la faim qui a fait de la prison pour avoir participé aux attentats de l’IRA contre Old Bailey [équivalent londonien d’une cour d’assises] et Scotland Yard. Et, oui, le premier gros dossier du gouvernement Paisley sera celui du prix de l’eau en Irlande du Nord. Bien sûr, l’analogie n’est pas parfaite. Mais elle a le mérite de nous aider à comprendre les transformations à l’œuvre en Irlande du Nord. Certains changements sont ahurissants. Le nouveau secrétaire général du Sinn Féin, parti qui s’apprête à gouverner l’Irlande du Nord, est recherché officiellement dans la province pour le meurtre d’un soldat britannique il y a trente ans. Et, lorsque le dernier congrès du Sinn Féin s’est penché sur sa politique en matière de réchauffement climatique, les débats étaient menés par James Monaghan. Lequel a été arrêté en Colombie pour avoir entraîné les narcotrafiquants des FARC et a échappé de justesse à la prison. Bien sûr, les choses peuvent ne pas se dérouler comme prévu. Les politiciens nord-irlandais ont jusqu’au 26 mars à minuit pour former un gouvernement de coalition. Il faut s’attendre à ce que les négociations durent jusqu’à la dernière minute, chaque parti essayant d’obtenir le meilleur arrangement possible.

Une hypernormalité sur fond de consensus mou

Mais ils ne risquent pas de faire échouer ce projet. Les unionistes ont obtenu de l’IRA ce qu’ils n’auraient jamais osé espérer : une déclaration reconnaissant que leur guerre est finie et un désarmement effectif. En outre, en janvier, le Sinn Féin a reconnu la légitimité de la police d’Irlande du Nord. Pendant la campagne, il n’a donc pas été question de bombes ni d’attentats, ni même de la question nationale, mais de thèmes politiques ordinaires dans une démocratie normale. Quand les gens manifestent à Belfast, c’est désormais pour protester contre l’augmentation du prix de l’eau. De plus, les partis ont mené une campagne étrangement consensuelle. Ils ont certes quelques différends sur l’éducation – les nationalistes sont généralement opposés à toute forme de sélection, contrairement aux unionistes –, mais il existe une singulière uniformité sur tous les autres sujets. Il ne s’agit pas d’une coïncidence. Le Parti unioniste d’Ulster (DUP) et le Sinn Féin, tout comme les unionistes d’Ulster et le SDLP, ont passé des mois à mettre au point le programme du nouvel exécutif, parce qu’ils savaient que, quel que soit le résultat du scrutin, ils seraient tous au gouvernement. Le résultat est une sorte d’hypernormalité, dans lequel il ne peut y avoir de réel désaccord politique parce que tout le monde se retrouve du même côté et gouverne ensemble. C’est-à-dire que l’Irlande du Nord va passer brutalement d’une guerre civile à un consensus mou, sans être passée par l’affrontement démocratique. Le succès économique de la république d’Irlande est à l’origine de cette situation. Car le Nord compte bien obtenir sa part du gâteau. Les principaux partis font pression sur Londres pour obtenir une réduction de l’impôt sur les sociétés, afin de s’aligner sur le Sud, qui attire les investisseurs. Même Ian Paisley est en faveur de cette harmonisation. Le ministre de l’Irlande du Nord, Peter Hain, a été applaudi quand il a demandé que les opérateurs de téléphonie mobile revoient à la baisse leurs tarifs d’itinérance de chaque côté de la frontière et les remplacent par un tarif unique sur toute l’île. Il a également rédigé un projet de loi en faveur d’un marché unique de l’électricité. Selon lui, une économie limitée au Nord n’est pas tenable, seule une “économie à l’échelle de l’île d’Irlande” a un sens. Paisley a interprété cela comme une déclaration pronationaliste et a immédiatement demandé la démission de Hain. Mais, quand les grands chefs d’entreprise se sont rangés derrière le ministre, Paisley a mis de l’eau dans son vin. Peu à peu, grâce à l’économie plutôt qu’à la politique – et encore moins le conflit armé –, l’Irlande se dirige vers une sorte de réunification de fait. Un projet de route reliant Dublin à Derry est à l’étude, et le gouvernement irlandais a annoncé que le Nord pourrait bénéficier d’une partie du milliard d’euros de son Plan de développement national. Au fil des ans, la frontière qui sépare le Nord du Sud deviendra de plus en plus obsolète. Elle devra sa disparition non à l’usage de la force, mais aux pressions plus insidieuses de l’appât du gain et du confort.

* Depuis le 12 septembre 2005, il est le seul quotidien national britannique imprimé au format berlinois (celui du Monde) et tout en couleur. L’indépendance, la qualité et la gauche caractérisent depuis 1821 ce titre, qui abrite certains des chroniqueurs les plus respectés du pays. The Guardian est le journal de référence de l’intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes. Tout en étant proche des travaillistes, il demeure très critique vis-à-vis du gouvernement de Tony Blair. De très haute tenue, le journal abrite des chroniqueurs tels que Hugo Young, Jonathan Freedland et Polly Toynbee.