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La mondialisation : l’ère des refus

Autor : Eddy FOUGIER

Fecha de redacción de la ficha : 28-05-05

Por Maria Gonzalez Solis

« Si (le mouvement « alter mondialiste » a des visées révolutionnaires, il tente aujourd’hui d’emprunter des voies nouvelles. Son objectif n’est pas de prendre le pouvoir mais de s’opposer a l’hégémonie néolibérale pour favoriser l’émergence d’un « autre monde »  »

« Ce mouvement pour une justice globale présente un certaine pérennité et ce pour deux raisons. Tout en constituant une sorte de synthèse de plusieurs tendances […] il offre un réponse aux crises profondes »

L’impact de la mondialisation sur l’échiquier politique et idéologique global a été considérable.La fin de la guerre froide a pu faire croire a un certain moment a une pacification generalisee et a un consensus global pour la paix.Cela a inspire des thèses comme celle de « la fin de l’Histoire de Fukuyama » qui expliquait qu’il n’y avait plus désormais d’alternative globale crédible, vu le terrassement du communisme, et que la démocratie démarche constituait désormais un horizon indépassable.Cette thèse peut être crédible dans son contexte est pourtant bien éloignée de notre réalité ou des manifestations comme celles contre la guerre en Irak et « l’impérialisme américain » ont lieu a une échelle mondiale.

On assiste en effet a un « Nouveau Grand Refus » du processus actuel de mondialisation qui s’accélère au même rythme que les flux et les échanges.

Pourtant, si on parle souvent du mouvement alter mondialiste, il faudrait plutôt constater qu’il existe « une nébuleuse des mouvements contestataires » . Il n’y a pas un « alter mondialisme » homogène et structure comme les discours officiels peuvent le faire croire. Le mouvement dit alter mondialiste regroupe en effet des tendances aussi diverses qu’un contre mouvement sociétal, une forme de néo protectionnisme, une forme de néo tiers mondisme, un nouvel antiaméricanisme, des écologistes, etc….C’est un concept mouvant qui ne délimite pas une réalité bien plus complexe.

 

On peut toutefois souligner plusieurs facteurs en commun a tous ces tendances qui veulent toutes créer une autre mondialisation et s’érigent contre une hégémonie libérale économique (que les anglo-saxons appelle corporate led globalization), politique et culturelle.On peut aussi discerner chez les contestataires une sorte de consensus quant aux modes d’évaluation de des conséquences de cette mondialisation qui se fondent sur défense des « acquis » et des « biens communs » . Ils mélangent ainsi une critique « matérialiste » (de sécurité au sens large) et une autre « post matérialiste » ( quant a la de vie, et la liberté d’expression).

Si tous ces mouvements contestataires divergent selon leur motivations, il ne reste pas moins qu’ils représentent tous une contestation constructive et nuancée pour un autre mondialisation. Ils ne cherchent pas a prendre le pouvoir mais a transformer la mondialisation pour la rendre plus viable. Ils veulent « changer le monde sans prendre le pouvoir » . le fondateur de ce mouvement non violent fut Antonio Gramsci, grande figure du communisme italien, qui a marque ses distances par rapport au communisme belliqueux de Marx ou Lénine.Il prône une conquête du pouvoir qui passe par la non violence contre hégémonie culturelle via la société civile. Il faut « gagner la bataille des idées » , voilà l’objectif commun de tous les mouvements contestataires qui les pousse a dire « nous » quand ils se situent dans un rapport de force contre les acteurs de la mondialisation libérale, « ils » (Susan George).

Tous ces mouvements convergent aussi vers une mondialisation beaucoup plus attentive aux PED et au développement durable a la fois économique, social, politique mais aussi environnemental et culturel.

Il faut de même relier ce phénomène a un contexte international qui nourrit cette contestation et la diversifie encore plus.Depuis le 11 septembre, ce mouvement « alter mondialiste » tend a être un « attrape-tout » . le caractère durable du mouvement contestataire s’explique ainsi parce qu’il réussit a marier des tendances très diverses et proposer des reformes structurelles a diverses crises fondamentales.Il agit « dans une logique de re-appropriation sociale du changement plus que dans une opposition radicale a celui ci » (Zaki Laidi dans Mondialisation : entre résistances et réticences) . Ce mouvement regroupe aussi récemment tous les efforts de lutte contre l’exclusion sociale,chômeurs, sans abri,sans papiers…

La force du mouvement contestataire se trouve enfin dans sa réussite a surmonter trois crises majeures de la mondialisation et remplir le vide que celle-ci a laisse.

La première est celle de la gauche.Cette gauche qui s’est trouvée fortement ébranlée par la discréditation totale du communiste et l’abandon des mesures progressistes (substitution aux exportations, politiques d’autosuffisance, crise de l’Etat providence et de l’économie mixte) par des états qui ont tous fini par reconnaître et accepter malgré tout la mondialisation libérale.

Puis s’ajoute celle de la démocratie participative car le partis ou syndicats traditionnels sont de moins en moins représentatifs.Ils ne répondent plus au besoin croissant d’engagement collectif .La société civile ne se sent plus correspondre aux action des ces acteurs traditionnels et a donc cherche une autre issue aussi dans le mouvement « alter mondialiste » qui a su exploiter cette tendance.Le succès d’un groupe de contestation internationale comme ATTAC illustre bien ce phénomène.

Enfin celle de la mondialisation elle même et la forte angoisse qu’elle semble susciter. Angoisse parce qu’elle est tout d’abord source s’instabilité et de perte de repères.Ulrick Beck parle ainsi de « société mondiale du risque » ou de « état de crise permanente » comme caractéristiques principales de la mondialisation actuelle.Elle est également un sentiment de dépossession et perte des acquis qu’exploitent les mouvements contestataires d’extrême droite, comme en France le 21 avril 2002. Le mouvement alter mondialiste se pose encore comme une voie justement alternative qui ne refuse pas l’ouverture mais veut la contrôler.

 

Quelles perspectives pour le mouvement contestataire ?

Malgré son caractère profond et durable, le mouvement contestataire n’en reste pas moins fragile. Les obstacles sont immense et il reste encore a trouver une stratégie réussie contre hégémonie neo-liberale. Cela passe par trois étapes.Certes par une critiques la plus objective possible des conséquences de la mondialisation libérale mais aussi par la formulation d’une alternative crédible qui trouve un soutien populaire et enfin par une mise en Ĺ“uvre réussie de cette alternative, au moins au niveau national. D’ou l’enjeu entre autres de la réussite du gouvernement de Lula au Brésil qui veut poser justement ce modèle alternatif.

Il existent aussi de nombreux défis externes dont principalement l’opposition croissante du gouvernement Bush a l’action des ONG qui semble se cristalliser dans la création de NGOWatch.Ce site Internet crée par des neoconservateurs américains vise a surveiller l’action des ONG sensées agir contre l’intérêt national ou celui des entreprises américaines.Son but évident est de remettre en cause la légitimité et crédibilité des ces groupes.cela s’ajoute le défi de l‘indifférence globale de l’opinion américaine a ce mouvement.Car il ne faut pas se laisser aveugler par la relative popularité de « l’altermondialisme » en France et croire qu’il en vade même ailleurs.

Dans l’état actuel des choses, il semble donc difficile de prédire l’avenir du mouvement contestataire.Un retour d’une alternative d’extrême gauche semble déjà impossible tout comme l’hypothèse d’une « guérilla mondiale » .

Par contre, des expériences dans les pays du sud comme celle de Lula risquent de se multiplier, surtout si celle ci est une réussite.Mais ce qui paraît le plus probable c’est encore un ancrage au niveau local et la création de « poches de résistance » fondées sur le principe d’autogestion et de démocratie participative et économie sociale et solidaire comme au Chiapas ou a Porte allègre.

Notas de pie de página

Commentaires

Cet article éclaire l’essor du mouvement contestataire dans une perspective historique et analytique très pertinente. L’étude de la complexité et la logique de la nébuleuse contestataires est très claire et permet une meilleure compréhension de leur logique d’action. Les mouvements marginaux et l’action violente des mouvements contestataire de cette tendance de gauche semble pourtant mis de cote. l manque aussi une réelle proposition de comment inclure cette société civile contestataire dans le mécanisme actuel de mondialisation. Il n’évoque que en conclusion « la capacité du capitalisme a intégrer ses différentes formes de critiques » et évoque une éventuelle intégration du mouvement contester « a terme » ce qui sauverait le capitalisme en le rendant culturellement et socialement acceptable.Mais cette intégration ne peut pas se faire toute seule et ne viendra probablement pas spontanément des acteurs de la mondialisation libérale, surtout si les mouvement contestataires ne font pas des efforts en ce sens.

 

www.ifri.org

Eddy Fougier est chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Lauréat du prix Philippe Habert 2002 Sciences Po-Le Figaro, il est l’auteur de La Contestation de la mondialisation : une nouvelle exception française ? (Les Notes de l’Ifri, 46, 2002) et a réalisé le dossier de Problèmes politiques et sociaux (N° 897, février 2004) consacré au mouvement alter mondialiste. Spécialiste donc des mouvements contestataires, il enseigne aussi a l’IEP de Paris.

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