Le titre de l’ouvrage « Penser localement pour agir globalement » remet en cause le slogan qui avait suivi le sommet de Rio en 1992 « Penser globalement, agir localement » à plusieurs titres :

• Le local n’est pas un point d’application passive de décisions prises plus haut car la pensée globale ne peut se nourrir que de la réflexion locale, qui est seule au plus près des réalités.

• Le territoire est loin d’être un simple lieu géographique délimité. En effet, le territoire est le lieu où les relations se nouent entre les différents partenaires et où les réseaux se créent afin d’agir ensemble. Ce territoire devient donc un acteur à part entière de la mondialisation. Cet ouvrage est d’ailleurs le fruit d’un travail collectif commencé depuis plusieurs années et enrichi de nouvelles expériences et initiatives locales.

Dans cette optique, les auteurs abordent les territoires sous trois axes qui font l’objet d’une réflexion, puis deviennent un socle de propositions illustrées par des expériences concrètes qui sont autant de preuves d’une société qui se met en marche

1- Le territoire, espace d’innovation pour penser et entreprendre les mutations nécessaires face aux impasses de nos modèles actuels de vie et de développement.

Pour l’auteur, la réflexion et l’action passent par l’application de quatre principes : questionner, enraciner, entreprendre, mesurer.

Questionner, « c’est penser avec ses pieds » , s’interroger sur les réalités locales et notre quotidien afin d’éviter le nuage de fumée de nos habitudes de pensée, souvent dictées par les experts.

Enraciner, c’est savoir écouter nos ancêtres qui savaient gérer l’équilibre entre « leur économie et leur survie » pour trouver des solutions pour demain.

Entreprendre, ce sont les innovations qui permettent un « développement intégralement durable » solidaire dans le temps et dans l’espace.

Mesurer, c’est l’évaluation de l’amélioration de la qualité de la vie par des indicateurs plus complets que le PIB car « l’on ne gère pas ce que l’on ne mesure pas » .

2- L’évolution de la gouvernance des territoires.

Les auteurs définissent le territoire « comme un système complexe de relations et d’échanges » . La gouvernance, c’est chercher les voies possibles pour enrichir ces relations notamment par la coopération, la solidarité, le principe de subsidiarité active, la participation des femmes et leur égalité avec les hommes, le partenariat.

La gouvernance passe également par l’accès à une information indépendante afin de permettre aux citoyens de s’approprier les « questions essentielles » et de se forger une opinion critique notamment au travers d’échanges d’expériences.

3- De nouveaux liens d’interdépendance entre le local et le global.

Les modes de production et de consommation génèrent des risques qui ne s’arrêtent pas aux frontières du territoire. Il est donc nécessaire d’inscrire les initiatives locales dans des relations internationales et dans une optique de long terme. Toutefois, la gestion des ressources selon des méthodes décidées localement est parfois plus optimale que les méthodes de gestion préconisées par le marché mondial. C’est donc entre autre par la mise en réseaux de ces initiatives locales que nous pourrons vivre ensemble dans la diversité.

Notas de pie de página

Ce Cahier de propositions loin d’offrir un simple éventail d’expériences locales permet de lier toutes ces expériences entre elles, de les inscrire dans une démarche plus globale et de croire que changer le monde est encore possible. Ce travail collectif est un premier pas vers la diffusion d’informations indépendantes. C’est ce qu’il préconisait pour la construction d’une gouvernance dans les territoires. Cet ouvrage de l’alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire s’inscrit dans une démarche de construction et d’animation d’un réseau mondial d’expériences locales qui viendra nourrir l’action globale.