Quelques limites de la notion de Gouvernance
Une approche critique du CAG
La présentation de Geert Van Vliet contient deux retours historiques préalables avant de soulever plusieurs interrogations sur le Cadre Analytique de la Gouvernance. GVV revient dans l’histoire sur le lien entre Banque Mondiale et concept de gouvernance avant de présenter l’approche du PES (acronyme espagnol de la « planification stratégique situationnelle ») qui est, selon lui, similaire à celle du CAG. Il formule ensuite des critiques ciblées sur les lacunes et les méthodes de le CAG, pour finir par une mise en garde contre le galvaudage de la notion de gouvernance.
GVV rappelle que la gouvernance « n’est pas l’apanage de la Banque Mondiale ». Les premiers débats ont eu lieu « pendant la décolonisation, quand le FLN discutait comment gouverner et réorganiser le pays une fois l’indépendance acquise : beaucoup de discussions portaient sur la gouvernabilité et la gouvernance ». GVV rappelle aussi que l’émergence d’une société civile dans la fin des années soixante et le début des années soixante-dix avec les mouvements sociaux et associatifs de l’époque (mai 68, le gouvernement Allende au Chili).
La « Planificación Estratégica Situacional » (PES) est une approche développée par Carlos Matos, chercheur chilien, au lendemain du coup d’État contre Allende. Le référentiel utilisé est issu de la théorie de la régulation dans l’économie politique. La PES a beaucoup travaillé sur l’interaction du monde politique (au sens large de celui qui prend les décisions) et du monde de la connaissance. On a beaucoup parlé dans la PES de la connaissance mise au service de la décision. La réactivité des acteurs multiples a été prise en compte dans l’analyse de la biodégradabilité d’une régulation donnée. Beaucoup de régulations sont inutiles, etc. A la question « Comment introduire les changements ? » le PES présente trois mécanismes de régulation (cf. travaux de Maturana) : la commande, l’autonomie et l’autopoièse qui coexistent. Tout acteur est confronté à un triangle de gouvernement : la nature des problèmes auxquels il se confronte (simple, complexe…), la nature du projet de l’acteur, la capacité de l’acteur à mobiliser ses ressources. La gouvernabilité est une propriété émergente de ces contraintes.
Dans ce cadre, le CAG a des pistes de convergence avec le PES sur la reconnaissance de la complexité, des interactions, etc.
Critiques : Manque l’analyse de la différence entre les acteurs et de leur communication, l’interdisciplinarité reste limitée aux sciences sociales (GVV prêche par exemple pour l’introduction de la dimension de biosphère dans les travaux du CIRAD et de l’IRD), la gouvernance risque le même destin que la géopolitique : « qu’on en parle à propos de tout et de n’importe quoi ». GVV insiste sur cette « biodégradabilité » du concept de gouvernance et invite à réfléchir sur la durée de vie des approches.
Pour éviter ce danger, il propose de rapprocher les visions similaires comme le PES de renforcer les bibliographies, d’inclure les nouveaux outils comme la modélisation multi-agents, et de cesser de vouloir répondre à trop de questions.
Elementos de debate
Redactor: Samuel Kenny