note de lecture
Globalisation, gouvernance, développement : Un autre monde est possible
Tome 1
Auteur : Jean Louis Bianco et Jean Michel Severino
Date de la note : 27-05-05
Par Maria Gonzalez Solis
« Il nous faut rendre la mondialisation a la fois plus efficace, plus démocratique, plus juste et plus durable. En un mot elle doit être maîtrisée »
« Un nouveau contrat social global est nécessaire afin de rendre légitime le processus de mondialisation »
« la construction d’une démocratie internationale suppose que les lieux publics de décision globaux soient lies au pouvoirs effectifs sur la planète. »
« affirmer la théorie des biens publics mondiaux c’est mettre au cœur des préoccupations la construction de politiques composant la demande globale et non pas seulement l’offre globale comme les libéraux veulent souvent nous le faire croire »
Globalisation, gouvernance, développement : Un autre monde est possible, Tome 1. Jean Louis Bianco et jean Michel Severino, n 20- mars 2001.
La fondation Jean Jaurès
Il existent aujourd’hui de nombreuses fondations, institutions ou « think tanks » partout en Europe.Elles répondent en effet a une mutation des démocraties occidentales et de leur évolution gauche qui suscite débat et une participation accrue de la société civile.
La fondation Jean Jaurès, présidée aujourd’hui par M.Dominique Strauss Khan s’inscrit dans cette lignée, dans une inspiration ouvertement socialiste. Fondée par Pierre Mauroy, elle remplit les trois missions classiques des fondations politiques : la coopération internationale, une étude historique et un réflexion sociale et politique.
Elle se définit elle même en se positionnant clairement sur l’échiquier politique « une fondation politique qui a pour but de favoriser l’étude du mouvement ouvrier et du socialisme international, de promouvoir les idéaux démocratiques et humanistes par le débat des idées et la recherche, de contribuer à la connaissance de l’homme et de son environnement, de mener des actions de coopération économique, culturelle et politique concourant à l’essor du pluralisme et de la démocratie dans le monde. »
L’ouvrage
Partant du constat selon lequel la mondialisation est inéluctable, il faut désormais savoir la maîtriser. Tirer profit de ses aspects négatifs et ne pas la laissera a la libre merci des règles du marche et des politiques libérales. Passer parla coopération internationale est un devoir pour réussir cette ache et réduire la pauvreté et la marginalisation sociale qui en découlent.
Etat des lieux et enjeux lies a la mondialisation
L’environnement est empiriquement un des premiers enjeux lies a la mondialisations vues les catastrophes écologiques et de santé mondiale qui se sont multipliées au cours des dernières années.Or ces nouveaux défis globaux exigent un dialogue global jusqu’alors inexistant ou partiel et surtout en absence d’un acteur primordial : les Etats Unis…
Il va sans dire que l’effet des politiques libérales et bureaucratiques et affaiblissent l’Etat et lassent faire le marche est ici néfaste.Les auteurs se livrent ici néanmoins a un parallèle avec la corruption et le système mafieux qui est a prendre avec distance.
Doit –on alors déduire que mondialisation et demoiselle sont antagoniques ? certainement pas.Paradoxalement, dans un contexte de chaos mondial, la démocratie a fait des progrès.Mais ces progrès restent malheureusement souvent cantonnes a l’instauration d’une démocratie formelle et peu participative, pas toujours. C’est en tous cas un début…
Par ailleurs, les inégalités sont importantes et semblent s’accroître au niveau international. « les 360 personnes les plus riches détiennent une fortune équivalente aux revenus des 45% plus pauvres de l’humanité » .Les évolutions récentes des inégalités traduisent une polarisation croissante du monde.
Mais c’est aussi le cas au niveau national. Au même niveau de développent et avec un revenu proche, les pays connaissent des évolutions différentes et des inégalités croissantes.
On ne peut toutefois pas s’avancer a dire que « la mondialisation est coupable » de ce mécanisme inégalitaire. Le rapprochement entre l’appesantissement du Sud et mondialisation n’est pas si évident. (C’est une nuance importante qui valorise a mes yeux un apport politiquement engage).
Il faut pourtant bien trouver des solutions a ces défis globaux majeurs qui sont principalement :
le système financier international régi par l ’OMC risque de ne favoriser que les pays émergents et exclure d’autant plus les plus pauvres par une restriction des échanges
En parallèle, cette « trappe a pauvreté » est renforcée par un inégale accès aux opportunités mondiales.
Jusque la , les réponses apportes par les politiques libérales ont été insuffisantes voire néfastes.Les vagues de restructuration et libéralisation massive des pays en développement ont en effet accentue les inégalités internes comme en Asie du sud est. Elles auraient du être accompagnes des les début par des politiques sociales et non pas en dernier recours.
« L’aggravation des inégalités a l’échelle mondiale implique donc de développer un agenda économique et social international qui permette de renverser une tendance dangereuse pour les équilibres internationaux et la justice sociale. »
Pour un contrat social planétaire
Dresser le constat des problèmes et défis existants ne doit pas pour autant nous conduire a un pessimisme stérile. Il faut tirer les leçons des erreurs passes et savoir aussi ne pas tout rejeter. Ainsi, il ne s’agit pas de rejeter en bloc le mouvement général de libéralisation des échanges. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte. Le nier serait une réponse non seulement insatisfaisante mais dangereuse sur tous les plans. Il faut donc trouver un nouveau contrat social mondial pour une mondialisation maîtrise et équilibre.
Il ne faut donc pas céder a un laxisme dangereux. Comme l’écrit Pascal Lamy
« le capitalisme de marche confirme a travers la mondialisation ses trois traits fondamentaux et indissociables : son efficience, son instabilité et sa nature inégalitaire. Nous avons besoin de son efficience, nous devons prévenir son instabilité et nous devons corriger son caractère inéquitable. »
Comment faire ? Quatre valeurs doivent être mises en avant pour orienter la construction de la gouvernance mondiale, a savoir :
démocratie et justice :
toute légitimité institutionnelle émane d’une représentation efficace et pertinente de la société civile.
Cela passe donc aussi par une transparence accrue des organisations internationales.Il faut finir avec le décalage entre les « lieux de décision publics » et les « lieux de pouvoir effectif. »
efficacité et pérennité :
accroître efficacité des politiques mondiales,surtout celles d’aide au développement, est un enjeu essentiel.Elles doivent a la fois prendre en compte l’exigence de croissance générale et celle de justice sociale.Cela passe par la « théorie des biens publics mondiaux » et des solutions qui promeuvent une solidarité internationale et transgenerationelle et dons solide et durable.
La mondialisation a donc besoin de ce nouveau contrat social pour se rendre légitime et ainsi maîtrisable.
Des solutions concrètes
« problèmes globaux, solutions globales »
Il y a trois reformes a entreprendre pour répondre aux nouveaux défis globaux:
une reforme politique
elle doit assurer a la fois l’efficacité et la pérennité de la croissance et s’efforcer pour permettre la convergence entre pays et populations.
Créer un conseil de sécurité économique et social mondial semble indispensable pour faire entendre la voix des pays du sud. Cela implique créer des instances politiques suprêmes et démocratiser et rationaliser les organisations internationales.
Un premier pas décisif serait l’organisation d’une grande conférence des nations unis sur le nouveau contrat social global ou tous les Etats seraient représentes équitablement.
Tout cela doit se faire de pair avec un renforcement de la solidarité internationale.
une reforme institutionnelle :
Elle doit faire face aux exigences de justice et démocratie présentes auparavant en élaborant des règles de gouvernance mondiale.
Pour ce faire, il faut « reformuler un cadre institutionnel plus cohérent et démocratique.Quelques reformes essentielles seraient :
intégrer OMC dans l’ordre juridique mondial
réviser de manière réaliste les dispositifs de sanction des grandes conventions et organisations des nations unies
créer une organisation mondiale de l’environnement
renforcer les moyens institutionnels de l ’UNESCO
renforcer les mécanismes de contrôle démocratique et de dialogue des organisationnels internationales.
une reforme financière et technique :
celle ci doit assurer des outils publics globaux pertinent et efficaces pour pouvoir mettre en place les deux premières.
Une instance de régulation financière internationale est une condition inéluctable pour atteindre ces objectifs.
Il s’agit en plus de diversifier et accroître l’aide financière pour mieux financer le politiques publiques d’aide au développement. L’aide publique doit aussi suivre un cadrage stratégique plus précis pour rester cohérente et efficace. Pierre Jacquet souligne ici l’importance de savoir choisir le type d’aide en don ou prêt. Un don n’est pas toujours la meilleures option ni la plus efficace, loin de la. Elle répond certes a une urgence humanitaire mais le prêt lui permet déjà de prêter plus et en plus , a des taux préférentiels, engage plus d’exigences de résultats et de participation locale.
Pour évaluer ces actions, il faut ajuster l ; action des organisations internationales présentes sur place.
Enfin, l’Europe et la France ont un rôle important a jouer dans ce processus. Il faut consolider la reforme de l’aide publique européenne et renforcer les capacités de la France a jouer dans la mondialisation, travers et en dehors de l ‘UE.
Notes :
Commentaires
Bien que ce texte ne définisse pas explicitement le terme de gouvernance, il l’utilise et développe on mécanisme.
L’orientation politique affichée pose parfois problème car elle donne souvent un jugement de valeur.
Toutefois, un certain nombre de nuances pertinentes rendent ces argument politiquement engages viables et pertinents.
Mais il faut quand même remarque que les auteurs ne semblent pas, a mon avis personnel, donner assez d’importance aux obstacles de la gouvernance peut être aussi du fait même qu’ils n’en donne pas de définition précise et la confondent souvent avec la mondialisation. Un approfondissent des réticences a leur projet de reforme (de la même faon qu’ils ont analyse les problèmes lies a la mondialisation en première partie) aurait donne plus de poids a leurs solutions proposées qui peuvent sembler trop idéalistes.
Globalisation, gouvernance, développement~: Un autre monde est possible, Tome 1. Jean Louis Bianco et jean Michel Severino, n 20- mars 2001.
Notes de la fondation Jean Jaures. voir [a[http://www.jean-jaures.org][]]
Jean Louis Bianco est un homme politique socialiste. Il est président du conseil pour la coopération internationale depuis 1999 ainsi que de l’institut François Mitterrand. Diplôme de l’IEP puis de l’ENA, il a accumulé les fonctions publiques parmi lesquelles conseiller d’Etat et charge de mission puis secrétaire général auprès du président de la république.
Jean Michel Severino a été inspecteur général des finances en 2000.Diplôme de l’école supérieure de commerce de Paris, de l’IEP puis de l’ENA, il devient responsable du développement dans le ministère de la coopération et du développement de 1994 a 1996.Il a été directeur de Europe centrale puis de l » Asie dans la banque Mondiale. Son apport est aussi d’autant plus pertinent qu’il est membre du groupe de travail ‘gouvernance mondiale’ du conseil d’analyse économique depuis 2000.
Ces deux auteurs sont donc spécialises sur le thème de la gouvernance mondiale.JL Bianco présidait le groupe de travail ‘Globalisation, gouvernance et développement qui a donne naissance au ce rapport de la fondation Jean Jaurès.JM Severino en était le rapporteur.Ce groupe de travail comptait aussi avec des contributions ou commentaires de Pierre Jacquet, Benoit Coeure, Béatrice Hibou, jean François Bayart et Pascal Lamy entre autres grandes figures de la pensée française.