C H R O N I Q U E S D E L A G O U V E R N A N C E 2 0 0 7 ·
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Quelle légitimité
pour les acteurs
extérieurs en situation
de crise et de conflit ?
Le modèle
démocratique à rude
épreuve : la tension
légalité-légitimité
19 septembre 2002 :
une tentative de coup
d'État à Abidjan dégénère
en soulèvement armé. Le
centre et le nord du pays
tombent entre les mains
des rebelles. Le général
Robert Gueï est tué.
15 26 janvier 2003 :
la conférence de Linas-
Marcoussis réunit, près
de Paris, l'ensemble des
parties du conflit. L'accord
signé le 24 janvier prévoit
le maintien au pouvoir de
l'actuel Président Laurent
Gbagbo et la constitution
d'un gouvernement formé
de toutes les parties, y
compris les rebelles. Le
sommet est conclu par
une conférence des chefs
d'État sur la Côte-d'Ivoire
organisée à Paris.
13 mai 2003 : le
Conseil de sécurité des
Nations unies adopte
la résolution 1479 qui
crée pour une période
initiale de six mois, une
mission des Nations
unies en Côte-d'Ivoire
(MINUCI) avec mandat
de faciliter la mise en
oeuvre des accords
de Linas-Marcoussis,
en complément des
opérations menées par
les forces françaises
et de la CEDEAO.
4 juillet 2003 : Vingt-
quatre heures après
le déploiement de la
MINUCI, « les forces de
défense et de sécurité
de Côte-d'Ivoire et les
forces armées des forces
nouvelles » déclarent
dans un communiqué
commun « la fin de
la guerre civile ». La
situation reste néanmoins
tendue dans le pays.
27 février 2004 : le
Conseil de sécurité de
l'ONU vote la résolution
1528 qui autorise
le déploiement de
l'Opération des Nations
unies en Côte d'Ivoire
(ONUCI) pour une durée
de douze mois. Cette force
a pour mission d'aider
au retour à la vie civile
des combattants et de
contribuer à la préparation
de l'élection présidentielle
prévue en 2005.
4-8 novembre
2004 : à la suite de
bombardements par
l'armée régulière des
positions défendues
par les ex-rebelles, les
forces de l'opération
Licorne ouvrent le
feu. Des pillages et
des manifestations
antifrançaises à Abidjan
conduisent Paris à
renforcer de 600 hommes
l'opération Licorne.
6 avril 2005 : réunis à
Pretoria, les protagonistes
de la crise signent un
texte et s'engagent au
désarmement et à la
cessation immédiate des
hostilités. Il est proposé
un plan de sécurité
permettant le retour en
Côte-d'Ivoire de ceux des
acteurs de la crise réfugiés
à l'étranger, comme Henri
Konan Bédié et Allassane
Ouattara. Le texte prévoit
le soutien des Nations
unies pour assurer
transparence et régularité
aux élections générales
prévues en octobre 2005.
21 octobre 2005 :
le Conseil de sécurité
de l'ONU adopte la
résolution 1633, qui
maintient Laurent Gbagbo
à son poste, l'élection
présidentielle, prévue le
30 octobre, ne pouvant
être organisée en raison
de la persistance de la
crise que traverse le
pays. Le 31 octobre, des
manifestants rassemblés
à Abidjan réclament le
départ de Laurent Gbagbo.
6 octobre 2006 : un
sommet se tient sous
l'égide de la CEDEAO,
visant à définir les
modalités de la nouvelle
transition, la précédente,
décrite par la résolution
1633 adoptée par
les Nations unies en
octobre 2005, arrivant à
terme le 31 octobre. Le
sommet recommande
la prolongation d'un an
du mandat du Président
Laurent Gbagbo.
La Côte-d'Ivoire depuis 2003
les uns les autres toute légitimité. La légitimité
des actes de gouvernance dépend aussi de leur
acceptabilité et de leur intérêt pour les simples
citoyens, car ceux-ci regardent la crise de l'exté-
rieur, comme le prolongement d'une lutte autour
du pouvoir politique, qui met en péril la paix, la
stabilité, la cohésion sociale et l'unité nationale.
La gouvernance, dans le contexte de la crise
ivoirienne, est une expérience forte dont beau-
coup de leçons sont et seront à tirer, compte tenu
de la régionalisation et de la mondialisation de
la politique. Elle pose aussi la grande équation
suivante : comment le global, le régional et le
national doivent-ils impliquer les citoyens dans
la construction de la légitimité et l'efficience
démocratique de leurs actions ? m