de reconstruction du pays dévasté par des décen-
nies de conflit qu'est l'Afghanistan. À la Cham-
bre des communes, tous les partis d'opposition
ont réclamé soit une réorientation fondamentale
de la mission canadienne, soit le rapatriement
immédiat des Forces canadiennes de ce théâtre
d'opération, et ce malgré l'engage-
ment du gouvernement d'y demeurer
au moins jusqu'en février 2009.
Pourquoi un tel revirement de
situation? Après tout, la décision de
participer à la coalition de volontaires
dirigée par les États-Unis en Afgha-
nistan (opération Liberté immuable)
fut prise par le gouvernement libé-
ral de Paul Martin à l'automne 2005. Qui plus
est, des soldats canadiens traquent et éliminent
des « terroristes » en Afghanistan depuis 2001.
Ce n'est toutefois qu'avec l'arrivée au pays des
cercueils des militaires canadiens tombés au com-
bat que les médias ont progressivement mis l'ac-
cent sur la nature belliqueuse de la mission cana-
dienne. Ainsi on dénonça le fait que le Canada
participe à une guerre de contre-insurrection
contre les Talibans, et non pas à une opération
de paix sous l'égide des Nations unies. Le « paci-
fisme » traditionnel du Canada fut, selon plu-
sieurs observateurs, mis à mal.
Justin Massie
L'
année 2006 a été marquée au
Canada par une prise de cons-
cience collective à l'égard du
nouveau rôle joué par les for-
ces militaires sur la scène inter-
nationale. Au cours de cette année,
près de trois fois plus de militaires
canadiens ont perdu la vie à Kanda-
har qu'au cours des interventions des
Nations unies en Somalie et en ex-
Yougoslavie réunies. À partir du prin-
temps 2006, c'est-à-dire au moment
où les forces canadiennes subissaient
de plus en plus de pertes, le soutien
populaire à la mission en Afghanistan chuta
drastiquement, atteignant son plus bas niveau
en novembre, avec seulement 44 % de Canadiens
(et 22 % des Québécois) en faveur de la partici-
pation de leur pays à la guerre en Afghanistan.
Le gouvernement conservateur de Stephen Har-
per fut accusé de suivre obstinément George W.
Bush dans sa guerre contre le terrorisme et ce, au
détriment des efforts d'aide au développement et
Du maintien de la paix à la guerre contre la terreur :
le Canada et la guerre en Afghanistan
La sécurité
est-elle encore
un bien collectif ?
La gestion
des biens communs,
enjeu majeur
de la gouvernance
mondiale : nucléaire,
casques bleus
et batailles de l'eau
L'auteur est chercheur
associé à la chaire
de recherche du
Canada en politiques
étrangère et de
défense canadiennes
et candidat au
doctorat en études
politiques à Queen's
University.
En effet, comment
peut-on qualifier
de « pacifique » un
pays qui a participé à
quatre guerres depuis
la Seconde Guerre
mondiale ?
C H R O N I Q U E S D E L A G O U V E R N A N C E 2 0 0 7 ·
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