Philippe Randrianarimanana, Courrier International (Web), 28 février 2006.
Tokelau ne sera pas un Etat indépendant. Le destin de cet archipel de 12 km2 répartis sur trois atolls situés entre les îles Hawaii et la Nouvelle-Zélande a été tranché lors d’un référendum historique réalisé sous l’égide des Nations unies du 11 au 15 février 2006. "Tokelau, l’une des plus petites nations au monde, restera un territoire néo-zélandais après que les électeurs ont voté non au scrutin qui accordait au pays le statut de libre association" avec la Nouvelle-Zélande, note The National Business Review, hebdomadaire économique néo-zélandais. En dépit des 349 voix favorables – soit 60 % des suffrages –, l’autodétermination n’a pas atteint la majorité des deux tiers requise. Mille cinq cents personnes résident à Tokelau.
Pour Wellington, c’est la déception. La Nouvelle-Zélande, qui a reçu en 1926 l’administration des îles de Tokelau, jusque-là sous protectorat britannique, aurait pu partager le fardeau de ces îles qui, en devenant indépendantes, auraient eu la possibilité de prétendre à des financements internationaux, notamment de l’Union européenne. "Les responsables du ministère des Affaires étrangères néo-zélandais et les représentants des Nations unies avaient insisté sur la neutralité de leur position. Mais il était évident qu’ils croyaient que le oui l’emporterait, aussi leur déception est sensible", assure The New Zealand Herald. "Il a même été question de recommencer le référendum dans l’année qui vient."
"De considérables progrès en matière d’autodétermination politique ont été réalisés ces dernières années, dans la mesure où Tokelau a renforcé ses structures politiques et ses institutions de service public. Mais, bien que la direction politique de Tokelau ait pensé qu’il était temps d’instaurer une relation nouvelle et plus équilibrée avec la Nouvelle-Zélande, le peuple de Tokelau n’a pas souhaité modifier la situation", a déclaré le chef du gouvernement néo-zélandais, Helen Clark, cité par The National Business Review. Wellington consacre chaque année environ 7,6 millions d’euros d’aides à Tokelau.
Neil Walter est également déçu. L’administrateur néo-zélandais à Tokelau avait beaucoup œuvré pour que les populations locales acceptent l’autodétermination. Selon Walter, "Tokelau voulait l’autorité pour s’autogérer, mais il a semblé ne pas être prêt à prendre la responsabilité internationale de ses actes et a voulu laissé cela à la Nouvelle-Zélande", rapporte The New Zealand Herald.
Wellington reste donc aux affaires à Tokelau, et pourrait avoir à gérer un dossier emblématique pour les Tokelans : la reconquête d’une quatrième île, réputée "maudite", connue sous le nom d’Olohega pour les populations du Pacifique et de Swains Island pour les Américains, qui en ont la propriété depuis 1980, précise le Daily Telegraph. Et le journal de Londres de noter avec ironie que, "dans l’éventualité improbable où le Pentagone s’inquiéterait de la situation, il faut souligner que Tokelau n’a pas de forces armées, ni d’aéroport ou même de capitale. Mais les insulaires ne manquent pas de détermination."